Le Rêve éveillé libre selon Georges Romey
Après le rêve éveillé dirigé de Desoille, Georges Romey, autre grand chercheur de l‘imaginaire, nous propose une psychothérapie psychanalytique par le Rêve éveillé « libre ». Comment se distingue-t-il de son prédécesseur ?
La différence essentielle avec le rêve éveillé dirigé de Desoille est que pendant la narration de son rêve par le rêveur, le thérapeute en rêve éveillé libre n’intervient jamais pour diriger le rêveur.
Un rêve libre de toute directivité
Le mérite de Georges Romey est de préconiser l’abandon total de toute directivité, et donc la rupture avec la méthode de Robert Desoille. Je dis toute directivité car si cette directivité a rapidement posé question aux suiveurs de Desoille, ils n’ont eu de cesse de vouloir s’en démarquer sans jamais pouvoir l’abandonner totalement.
À la base de la méthodologie de Robert Desoille, il y avait les expériences menées sous l‘égide d’Eugène Caslant sur les déplacements dans l’imaginaire et par l’imaginaire. Il y avait comme point de départ de ces déplacements des inductions verbales qui s’articulaient principalement autour des notions de mouvements ascendants et descendants, suscitant ainsi une dynamique particulière de l’imaginaire du rêveur.
Libre de toute directivité sur le fond et toute directivité sur la forme
Si pour Caslant il s’agissait essentiellement de développer une aptitude à explorer les aspects cachés de notre imaginaire, Robert Desoille s’est rapidement aperçu que ces voyages dans l’imaginaire entraînaient des répercussions dans la vie des sujets.
Des répercussions inattendues, bénéfiques et irréversibles. Il a alors eu l’intuition que cette voie d’exploration de l’imaginaire pouvait se révéler une méthode de psychothérapie à part entière.
Il s’est astreint pendant une vie de recherches à mettre au point sa méthode, recherchant et classant systématiquement ces symboles qui semblaient posséder le pouvoir intrinsèque de déclencher ces mouvements de montée et de descente. Pendant le rêve éveillé, Robert Desoille, en interaction verbale avec le rêveur, lui proposait soit des images inductrices nouvelles, soit des conseils d’actions ou d’attitudes qui lui semblaient, à lui, le thérapeute, appropriés aux situations du rêve et à leurs transformations, souhaitables pour une transformation du rêveur, l’imaginaire étant considéré comme un processus de transformation dynamique puissant.
On voit là une double directivité. Une directivité dans la forme, une directivité sur le fond, un projet donc.
Dans le rêve éveillé libre tel que le propose Georges Romey, le thérapeute n’a pas de projet pour le rêveur
Georges Romey rejette toute intervention sur le processus imaginaire et les produits de cet imaginaire. Il n’a pas de projet pour le rêveur qui seul saura où il doit aller et comment se comporter.
On dit ainsi communément que le thérapeute en relation d’équivalence est en position dite « basse » par opposition à une position dite « haute » qui est celle décrite précédemment.
La vision non directive de Georges Romey, un travail respectueux des rythmes
La vision non directive du rêve éveillé libre de Georges Romey respecte dans sa pratique le rythme de l’inconscient, le rythme de l’imaginaire, donc le rythme du rêveur, c’est-à-dire sa personne même, dans une vraie relation d’équivalence débarrassée de toute ambiguïté.
Quels projets?
Pour Georges Romey, et pour l’école du rêve éveillé libre, le thérapeute ne formule pas et ne possède pas de projet pour son client. Il a un projet, le sien, qui le concerne en propre et qui est d’accompagner le projet de son client, aussi précis et flou qu’il puisse être.
Ces deux projets, le projet du thérapeute pour lui-même, le projet du client pour lui-même, se rejoignent puis se recoupent partiellement dans la cure de rêve éveillé pour fonder le projet de la cure qui est lui un projet d’aventure commune. Pour autant, les projets du thérapeute et du client ne se confondent pas, quels que soient les éventuels efforts conscient et inconscient du client pour transformer le projet du thérapeute en un projet le concernant spécifiquement et le fusionner ainsi avec le sien à travers le transfert. Respectueux du projet du rêveur, en rêve éveillé libre, le thérapeute n’intervient pas pendant la narration du rêve.,
L'inconscient sait mieux que le thérapeute
Pour Georges Romey, l’inconscient, dans le rêve, sait mieux que tout thérapeute où il doit, où il peut aller et à quel moment de la vie du rêveur le faire au mieux de la disponibilité de celui-ci. À partir de ce point de vue, riche d’une expérience de milliers de rêves, il a pu considérer que toute intervention du thérapeute, pendant l’expérience du rêve, si elle n’est pas nécessairement un empêchement définitif, est toujours un obstacle sur la voie du développement de la personne.
Une symbolique spécifique du Rêve éveillé libre
L’autre apport de Georges Romey est la mise en lumière d’une symbolique propre au Rêve éveillé libre.
Il a vu que pour des rêveurs très différents, l’inconscient va proposer à travers l’imaginaire les mêmes chaînes symboliques, parfois les mêmes associations de couleurs, même si cela apparaît dans un enchaînement et des scénarios différents, et avec une structure différente.
Comme Robert Desoille l’a fait pour la recherche des symboles les plus appropriés aux mouvements ascendants et descendants dans l’imaginaire, Georges Romey a consacré sa vie à répertorier, avec l’aide d’instruments statistiques, les images les plus récurrentes dans leurs contextes symboliques. Il a sélectionné quelques centaines d’images et leur contexte symbolique qu’il a regroupés dans un livre de référence, le Dictionnaire de la symbolique des rêves.
Un livre de méditation : Dictionnaire de la symbolique des rêves
Cet ouvrage n’est en fait ni un dictionnaire ni un répertoire de symboles. Il faut le considérer comme un livre d’alchimie symbolique où chaque image demande à être contemplée. Le Dictionnaire de la symbolique des rêves de Georges Romey est en fait un livre à méditer, méditation offerte aux thérapeutes comme aux rêveurs, réunis ainsi dans cette contemplation active du sens, épurés ensemble par le souffle de l’imaginaire en action.
Bibliographie
Le Rêve éveillé libre, Georges Romey, éditions Dervy
Rêver pour renaître, Georges Romey, éditions Robert Laffont
Un escalier vers le ciel, Georges Romey, éditions Dervy
Deux imaginaires pour une cure, Nicole Fabre, éditions Bayard
Imaginaire et psychanalyse, Nicole Fabre, éditions Desclée de Brower
Psychanalyse et rêve éveillé, Robert Desoille, éditions Conte-Jacquet
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