Le rêve éveillé en séance
Les yeux clos, la dynamique de l’imaginaire se met en mouvement…
Les yeux clos, la dynamique de l’imaginaire se met en mouvement, le corps s’assoupit, la conscience s’éveille. Ce qui était su de toute éternité s’empare de cette parole qui, rêvant le rêveur, le révèle au monde.
Quels seraient ou quels sont les avantages, les inconvénients d’initier et de poursuivre une thérapie en distanciel ?
L’avantage le plus évident est que cela permet de ne pas avoir à se déplacer pour rêver. Avantage indispensable pour un rêveur qui habiterait à l’étranger, ou dans un lieu de résidence éloigné de tout thérapeute ou de tel thérapeute en particulier.
Ainsi un expatrié de langue française au Japon peut suivre une cure en français avec le thérapeute de son choix à Paris. De même, un rêveur isolé au fond des Cévennes peut s’engager dans un travail thérapeutique n’importe où en France dès lors qu’il accède à un réseau internet.
C’est une possibilité assez extraordinaire qu’offrent aujourd’hui tous les thérapeutes à leurs clients. Même sans outil spécifique de visio-conférence, il est possible de consulter à distance à un moment donné en fonction de contraintes spécifiques : contraintes logistiques, contraintes personnelles, psychologiques ou physiques. Un simple téléphone suffira et une bonne connexion bien sûr.
Cet avantage devient mineur lorsque le rêveur habite une ville où se trouvent de nombreux thérapeutes, qu’il n’y manque pas de moyens de transport, et en l’absence de contexte spécifique extérieur contraignant (un confinement par exemple) ou personnel (empêchement physique).
Pour déterminer quels sont les inconvénients éventuels, regardons ce qu’il y a de contextuel dans une séance de thérapie en présentiel. Je relève trois points essentiels :
Si le regard est le symbole de la connaissance extérieure, rationnelle et pénétrante, les paupières qui se ferment signent l’engagement du rêveur pour s’engager sur la voie de la connaissance intérieure, intuitive et réceptive.
C’est en effet une dynamique autonome, elle ne se déclenche pas par la volonté du rêveur, mais par la mise en route du processus créateur de l’imaginal. Cette mise en route ne naît pas d’un état modifié de conscience ou d’un quelconque état de relaxation chez le rêveur. Elle naît de l’engagement conscient et inconscient du rêveur pour s’engager sur la voie du rêve. En revanche, c’est cette dynamique de l’imaginaire, elle, qui est à même de créer un léger état modifié de conscience chez le rêveur.
Le rêveur accède à une sorte de conscience élargie, celle de son corps au repos, de sa présence dans la pièce, du fauteuil dans lequel il se trouve, de la présence du thérapeute, du déroulé des scénarios de rêve et des émotions vécues dans ces scénarios.
Le rêveur accède, dans le rêve et par le rêve, à tous les aspects de sa connaissance, consciente et inconsciente. Connaissance qui actualise le passé dans une éternité circulaire et non linéaire, éternité qui est celle du temps psychique.
Le rêveur engagé dans la narration du rêve est comme soumis à une double hypnose : celle de sa voix et celle des images. Dans le rêve, il se rend compte que cette voix qui est la sienne n’est que l’interprète d’une parole, celle de l’inconscient et de l’imaginaire, qui l’agit en profondeur, le transforme et, disant le rêveur plus que le rêve, le fait advenir à lui-même, c’est-à-dire au monde. C’est en quoi Georges Romey a pu parler de rêver pour renaître.
En séance, la souffrance est un cri silencieux dans le désert. Le thérapeute s’en fait l’écho et, témoin, peut affirmer à la face du monde : « ça s’est dit. »
En séance
La réalité thérapeutique du rêve éveillé, son efficience, ne vaut que par son cadre, qui est celui de la séance. Le rêve se dit en présence de l’autre, le thérapeute, dans un lieu donné, pour un temps déterminé, à un moment précis dans le cadre d’un échange d’engagements. Celui de l’acceptation inconditionnelle des valeurs du rêveur par le thérapeute, et celui de s’engager pleinement à ses côtés pour le soutenir dans sa confrontation avec les contenus de l’inconscient. Quant au client, le rêveur, Il s’engage au respect des limites précisées avec le thérapeute dans la définition qu’a donnée ce dernier du cadre spécifique à cette relation thérapeutique, et à une contrepartie financière qui est le prix des séances.
En dehors de la séance, le rêve éveillé n’a plus du tout le même impact psychique et dynamique.
La souffrance est un cri silencieux dans le désert
Le mot souffrance est pour certains un mot qui peut sembler trop fort et ceux-là vont préférer le mot, difficulté, gêne, inconfort par exemple. Il est une réalité psychique, toute entrave à la libre circulation du psychisme, tout frein, tout obstacle au même niveau que n’importe quel traumatisme, est une souffrance psychique. Cette souffrance, comme le dit Nicole Fabre, si elle a eu lieu de se dire, n’a pas eu de lieu pour se dire. Ce qui n’a pas été dit n’a pas été entendu. Ce qui a été dit mais n’a pas été entendu est considéré comme non-dit. La souffrance, c’est un cri qui n’en finit pas d’advenir.
Le thérapeute s’en fait l’écho et, témoin, peut affirmer à la face du monde : « ça s’est dit. »
Le thérapeute, c’est en sa présence que se dit le rêve, avec tous ce qu’il véhicule de contenus conscients et inconscients, formulés et informulés. Enfin le désert est habité par cette parole reçue. Plus qu’une présence, le thérapeute est une conscience. Celle du monde, celle de l’extérieur. Le cri muet intérieur peut advenir et son lieu est celui de la conscience du thérapeute. Il accueille, consciemment et inconsciemment, ce qui devait absolument être accueilli pour ne plus être une entrave à la liberté d’être du rêveur. C’est un processus à l’issue duquel le thérapeute se fait l’écho dans le monde pour le rêveur de ce qui a été dit, formulé ou non. Il est témoin et ainsi témoignant de l’injustice passée, il en assure symboliquement la levée.
Et pour vous ?
A vous de décider et pourquoi pas de pratiquer !
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